Connaissez-vous la tour des sorcières à Rouffach ?
Cette tour est la dernière subsistant des fortifications de la ville. La tour des sorcières a servi de prison pendant des siècles et elle doit son nom aux femmes accusées d'être des sorcières et qui y auraient été emprisonnées. Juste à côté vous trouverez le restaurant l’Haxakessel ("le chaudron de la sorcière"). C’est à cet endroit, entre le milieu du XVe et la fin du XVIIe siècle, qu’était le siège local de l’Inquisition. Au sous-sol, se tenaient d’interminables procès en sorcellerie. Les religieux passaient des heures à attendre que des coupables avouent enfin. Les aveux s’obtenaient avec force questions répétées inlassablement selon un protocole codifié par les autorités ecclésiastiques, et qui passait par l’usage de la torture, savamment dosée, afin de pouvoir fournir une proie encore réactive aux flammes du bûcher.
Rouffach, où au moins une cinquantaine de sorcières furent brûlées, n’était pas un cas isolé. A intervalles réguliers, durant près de deux siècles, l’Alsace eut à subir ces frénésies inquisitrices. Les historiens parlent d’au moins 6 000 cas. Dans la cité de Rouffach, des archives racontent les protocoles interrogatoires de quinze sorcières exécutées entre 1585 et 1627. Les prévenus n’avaient quasiment aucune chance de s’en sortir. Les «auxiliaires du diable», comme on les appelait, étaient dans 90 % des cas des femmes, le reste des procès concernant 9 % d’hommes et 1 % d’enfants. Dans les archives, on est troublé par le systématisme des déclarations autant que par l’absence de plaidoirie. Cette justice expéditive favorisait les règlements de compte, n’importe qui pouvait être accusé. On trouve aussi, parmi les sorcières, nombre de femmes ayant une position plutôt enviée et possédant des biens. Bref, l’image de la forcenée misérable, la bave aux lèvres, mitonnant des potions aigrelettes au fond des bois, n’est qu’un mythe.
(Sur une base d’article de Sébastien Desurmont)